Un mot barbare que je viens d’inventer pour qualifier cette tendance de certains journalistes à se prendre pour des réalisateurs de cinéma.
Une fois n’est pas coutume, cette semaine un sujet de TF1 a fait parler de lui… (si vous êtes passés à côté et que vous ne voulez pas rester dans l’ignorance (vous n’êtes pas non plus obligés) suivez le lien : http://videos.tf1.fr/jt-we/montagne-les-stations-familiales-se-portent-bien-5619458.html)
Une prouesse technique ou le choix de la facilité ?
Pour réaliser ce reportage il a fallu briefer les figurants…euh pardon, les personnes interviewées, et répéter de nombreuses fois, d’ailleurs les intervenants qui se sont prêtés à l’exercice de bonne grâce ne sont pas forcément très à l’aise devant l’objectif.
Vous me direz certains ne le sont pas non plus dans un reportage « classique », même si la prise gardée est la meilleure des cinq qui ont été tournées et même si le travail de montage essaie de dissimuler un peu le manque de spontanéité.
Réaliser un plan séquence demande une certaine préparation, une réflexion en amont sur le tournage, ce qui manque souvent dans les reportages télévisés, faute de temps.
Faut-il pour autant tomber dans ce travers de la mise en scène à outrance ?
TF1 tend le bâton (de ski) pour se faire battre par ceux qui accusent les médias de manipuler l’information, de scénariser la réalité.
Ceux-là mêmes qui estiment que les participants à des jeux de téléréalité peuvent prétendre à une rémunération considérant comme un travail le fait d’être soi-même, ou du moins fidèle à l’image que la production voudrait soi-disant donner de vous.
Mais l’information n’est pas du divertissement. Choisir de mettre en avant certains aspects de la réalité plutôt que d’autres, pour les besoins du suspense et donc de l’audimat, est tolérable dans un jeu.
Insupportable en revanche dans un journal télévisé de travestir à l’envi des faits réels.
Pour autant un sujet ski doit-il être pris si sérieusement qu’on s’inquiète de son traitement en images ?
D’accord, le travail du monteur n’a pas été très violent ce jour-là, d’accord cette façon de faire pose question. C’est d’ailleurs très sain que ce reportage fasse débat.
Mais les journalistes le savent bien, rien de plus laborieux à réaliser qu’un sujet marronnier du type « il fait beau » ou « il neige »… Un exercice de style périlleux.
Alors pourquoi ne pas renouveler le genre ? Réussi ou non, les journalistes de TF1 ont au moins eu le mérite d’essayer.