Lise Pressac Non classé Taxi, c’est fini

Taxi, c’est fini

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J’ai pour eux une affection particulière.
Cherchez bien, vous ne trouverez aucun(e) Parisien(ne) qui emploiera ce terme pour vous parler d’eux.
Eux, ce sont les taxis.
Je les défends souvent, loin du cliché qu’ils véhiculent.
Vous savez ce fameux combo grosses têtes d’RMC / « Delanoë cet enfoiré » / « putains de couloirs de bus ».
J’en ai pris quotidiennement pour le boulot pendant des années parce que les rédactions, à Paris, préfèrent souvent ce système à la location d’une voiture.
Du coup je trouvais que oui, il y avait des gros cons, comme partout, mais qu’ils ne représentaient que 20% des taxis que je prenais.
Les 80% restants n’étant pas désagréables et certains ayant même un parcours de vie passionnant.*
Evidemment je suis tombée sur des abrutis.
J’y ai fait de belles rencontres aussi.**
Depuis des années je parle avec eux pour essayer de les comprendre.
Ils m’ont parlé de la difficulté d’exercer leur métier, de la différence entre ceux qui possèdent leur voiture et ceux qui la louent.
Ils m’ont parlé de la cherté de la plaque, de leurs onze heures de travail quotidiennes, des bouchons, du stress, des radars, des points de permis qui sautent, de la circulation à Paris, des heures d’attente pour parfois pas grand chose.
J’ai compati, parfois.
Aujourd’hui je ne peux plus les défendre.
Parce qu’apparemment il faut choisir son camp entre les VTC et eux.***
Alors que je suis sûre qu’il y a une place pour les deux.
Et il n’y aurait pas eu de place pour autre chose qu’eux s’ils remplissaient leur mission de service public.****
Ils ne la remplissent pas lorsqu’une chauffeure (ça se dit ?) de taxi refuse une course à une ado en goguette parce que ce n’est pas assez loin.
Son taxi est le seul à la station, la jeune fille vient de rater le dernier métro, elle doit rentrer à pied.*****
Je ne les défends plus depuis qu’un chauffeur m’a expliqué fièrement comment il « testait » l’ivresse d’un potentiel client en s’arrêtant un mètre devant lui pour voir s’il marche assez droit pour qu’il le prenne. Sinon il passe son chemin.
Je ne les défends plus depuis que ce taxi avenue Montaigne a refusé de prendre mon amie (je préfère penser que c’est par racisme d’arrondissement que par racisme tout court) pour prendre un mec deux mètres plus loin, sous notre nez.
Et loin de moi l’idée de dire « les taxis » comme on dit « les politiques », « les journalistes » etc., le plus souvent complété de « tous pourris »…
Ils ne sont pas tous comme ça, je l’ai dit.
Mais lorsque beaucoup vous expliquent qu’ils ne veulent plus travailler le soir et le week-end à Paris parce que c’est trop dangereux, vous avez envie de leur dire « mais alors où êtes-vous lorsque nous avons besoin de vous ?! »
Changez de comportement ou bien laissez les autres faire ce que vous n’avez pas envie de faire.
Et si vous le faites aussi bien, voire mieux, alors on reviendra vers vous.

* L’institut Pressos a une fiabilité toute relative mais sincère

** Si vous voulez sourire j’ai compilé quelques histoires de taxi ici et ici

*** http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/07/10/taxis-et-vtc-les-deputes-adoptent-la-proposition-de-loi-thevenoud_4455138_3234.html

**** http://vosdroits.service-public.fr/professionnels-entreprises/F21907.xhtml

***** Moi, ado de 18 ans

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