Lise Pressac Non classé Un nuage et tout part en fumée

Un nuage et tout part en fumée

Je ne sais pas pourquoi mais je n’arrive pas à compatir avec les 40 cardiologues coincés à l’aéroport de Jérusalem, ni avec tous les autres Français dont les plans de retour de vacances sont contrariés par un méchant nuage islandais.

Facile à dire lorsqu’on n’est pas directement touché. Evidemment moi aussi ça m’aurait légèrement énervée de voir ma semaine de congés prévue depuis deux mois à l’autre bout du monde annulée pour cause d’éruption volcanique. C’est sûr. Je le reconnais.

Je trouve quand même assez ironique la façon dont un simple phénomène naturel contrarie toutes nos petites habitudes d’homo surdeveloppus.

Il fut un temps où l’avion n’existait pas et où il fallait des semaines pour rejoindre l’Amérique en bateau.

Sans être pour le retour à la bougie et à la lessive à la main dans une rivière il faut tout de même reconnaître que ne pas pouvoir prendre l’avion pendant quelques jours ce n’est pas la fin du monde.

Ah oui c’est sûr ça coûte cher aux compagnies aériennes. 150 millions par jour pour les compagnies européennes, pire que le 11 septembre disent-ils.

C’est bizarre mais je n’arrive toujours pas à trouver ça si terrible.

On aurait été trop précautionneux disent certains, qu’est-ce qu’on n’aurait pas entendu si un avion s’était crashé en plein vol : « Faire passer l’économie avant les vies humaines, proprement scandaleux ! ».

Et en cinq jours combien de tonnes de pétrole économisées ?

Très Grenelle de l’environnement ce volcan finalement.

Comme la taxe carbone est annulée, la nature trouve un autre moyen de s’indemniser. On la comprend.

Pas de progrès sans conséquences on a tendance à l’oublier, la nature est là pour nous le rappeler. Et dans un sens tant mieux.

Et si l’éruption durait vingt ans et qu’on ne pouvait plus jamais se déplacer en avion ? La vie ne s’arrêterait pas pour autant.

On redécouvrirait le plaisir de prendre le bus ou le train, de voir défiler le paysage, de se plonger en soi-même. De prendre la mesure des distances.

J’ai toujours trouvé brutal de rentrer de trois semaines de vacances en 2 ou 3 heures porte à porte. Pas le temps de digérer, de réaliser, de rassembler ses souvenirs.

Et si c’était l’occasion de prendre son temps, de rater le métro, de ne pas pester contre le feu vert qui passe au rouge, de prendre le bus même si c’est plus long, d’attendre à un rendez-vous sans frénétiquement regarder son portable toutes les 5 minutes.

Après tout il n’y a pas eu mort d’hommes.

Parce que justement pour une fois on s’est adapté à la nature et non l’inverse.

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